Ibrahim Ouedraogo : une FORCE TRANQUILLE nous a quittés

Accès Rapide

Au moment où on se projetait vers de grands projets, notre Homme, très cher ami, frère, collègue, formateur et surtout et surtout fervent combattant pour les droits des agriculteurs vient de nous quitter. Ô qu’elle est brutale cette séparation qui déchire nos cœurs que Ibrahim savait tant remplir de joie, nos esprits bouleversés qu’il savait tant remplir de sagesse.
Pionner de l’agroécologie dans son pays natal à côté de Pierre Rabi, avant de servir à d’autres nations et dans d’autres sphères du développement rural, retenons de cet homme du Faso qu’il n’avait pas de frontière dans ses œuvres.
Aujourd’hui le Burkina est frappé par ce choc inattendu, mais aussi les pays de la sous-région notamment le Sénégal, et au-delà de ces frontières pour citer l’Afrique toute entière et le reste du monde. Les tiers-mondistes du monde entier ont perdu un Grand et Aimable Homme.
Le compagnonnage d’Enda Pronat avec Ibrahim a commencé depuis le début des années 1998, en tant que Directeur d’Inades Formation Côte d’Ivoire, jusqu’au moment où on apprend son voyage vers l’au-delà : une collaboration pleine de succès et sans regret.
Au Sénégal beaucoup de gens l’ont connu comme expert du développement des chaînes de valeurs agroalimentaires quand il dirigeait l’ONG Ricolto (ex VECO), mais aussi en tant que personne ressource active de la société civile sénégalaise pour la protection et la défense des ressources naturelles, en commençant par le foncier en 2010 avec le CRAFS, puis les semences paysannes avec la COPAGEN Sénégal et la transition agroécologique à l’échelle des territoires avec notre équipe d’Enda Pronat. Il fut membre fondateur de la COPAGEN régionale où il est membre du groupe de coordination et de la coalition du Sénégal. Il a animé à cet effet plusieurs sessions de sensibilisation et de formation avec les agriculteurs pour leur parler des OGM, des enjeux et menaces qui pèsent sur la santé des consommateurs, et que le recours à la valorisation des semences paysannes était la seule voie à suivre et la seule voix à porter. Entre autres fruits de ce combat noble qu’il a toujours porté à côté d’Enda Pronat et de la société civile sénégalaise, nous pouvons citer la naissance de l’Association Sénégalaise des Producteurs de Semences Paysannes (ASPSP) : il était aussi là.
En tant que membre actif de notre conseil d’administration, il a toujours marqué les esprits par sa qualité d’écoute, sa capacité de synthèse et la brillance de ses interventions constructives. Il a toujours répondu à toutes nos sollicitations sans exception, notamment la définition des orientations stratégiques dans le cadre de l’élaboration de notre plan stratégique, le coaching de la jeune équipe de l’organisation dont il n’a jamais douté de ses capacités et le besoin de les renforcer pour porter haut le flambeau de la lutte contre les inégalités et pour des transformations sociales durables. Il n’a cessé de rappeler l’importance d’encadrer cette jeunesse, la motiver et la féliciter à sa juste valeur.
Tisserand du partenariat bilatéral et multi-acteurs, Ibrahim était aussi présent pour faciliter notre contact avec des acteurs du développement, du local à l’international. En effet, à l’échelle territoriale la plus petite nous nous rappelons des missions de terrain faites ensemble dans le terroir de Lérabé et dans la commune de Ndiob dans le cadre de la recherche-action sur la mise à l’échelle de la transition agroécologique. Mais aussi hors du territoire national, avec d’une part, des organisations du sud, notamment avec les réseaux de la COPAGEN, du COASP, et d’autre part avec des partenaires du nord tels que Interpares, CCFD, USC Canada, Fondation Rosa Luxemburg, WFD, Misereor, SUCO, pour appuyer Enda Pronat sur son plaidoyer à travers la sensibilisation des décideurs occidentaux.
D’une modestie inestimable et d’une générosité sans fin, Ibrahim s’est distingué dans le partage illimité de son savoir, de son savoir-faire et de son expérience. Toujours disponible et positif, il savait apporter sa pierre à l’édifice dans toutes nos réflexions stratégiques et planifications opérationnelles pour le respect de la dignité et des droits des communautés à la base en faveur du développement durable de leurs territoires. La toute dernière occasion fut sa participation aux journées de l’agroécologie de la DyTAES tenues du 30 janvier au 1er février 2020 où il a modéré le panel 4  » Politiques, lois et financements en faveur de la TAE » et en marge de cet événement au dîner d’affaire que le conseil d’administration d’Enda Pronat avait organisé avec ses partenaires techniques et financiers.
Nous avons appris avec Ibrahim plus que l’on attendait. Il ne nous doit rien.
Nul n’eut été cette crise sanitaire qui nous oblige à nous confiner là où nous sommes, au moment où les frontières terrestres et aériennes sont fermées, nous ne manquerions pas de nous rendre à Ouaga à côté de ta femme et de tes enfants t’accompagner dans ta dernière demeure sur terre. Mais nous ne manquerons pas de te porter dans nos prières.
Que ton âme repose en paix notre très cher Ibrahim Ouedraogo.
Amen !
L’équipe d’Enda Pronat