Aïssatou Haby Séne, l’amazone de l’agroécologie dans la commune de Keur Moussa

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Aissatou Haby SENE, la cinquantaine passée, est née à Ndiobass et vit actuellement à Landou. Elle est membre active de la fédération Woobin de Keur Moussa dont elle fut présidente de la zone Sud. Plutôt bonne élève, elle a su tirer profit des formations et des connaissances acquises à travers la fédération tant dans le foncier que l’ASD et cherchant à appliquer au maximum ses connaissances. Malgré les contraintes liées à l’enclavement et au manque d’eau, elle fait preuve d’ingéniosité et d’adaptation et développe ainsi une agroécologie aux multiples facettes

Haby, la productrice en agricultrice saine et durable (ASD) : Dans ses champs, elle cultive en saison des pluies une diversité de cultures comme le niébé, le bissap, le gombo, les courges, des aubergines, etc. sans se décourager des dégâts parfois causés par la divagation animale. Elle produit ses propres bio-pesticides et fait ses traitements en cas d’attaques. Elle plante et protège également des arbres dans son champ promouvant ainsi la biodiversité. Elle passe la journée dans ses champs, ce qui lui permet de surveiller sa production.

Haby, l’experte en Lutte Anti Erosive (LAE) : Formée à la première heure, elle fait partie des  leaders et organisatrices de l’activité dans son village Landou. Avec le noyau de femmes leaders et l’animateur, elles suivent la programmation des journées d’investissement, procèdent à l’identification et à la réalisation des ouvrages. Elle a fait l’objet de plusieurs interviewes lors des reportages par des médias nationaux et internationaux pour expliquer leur activité de défense et restauration des sols (DRS), les types d’ouvrages de lutte anti-érosive, leurs utilités  et impacts sur la végétation, la restauration des terres, la sécurité du village, etc. Elle réalise également des ouvrages dans ses champs.

Haby, la défenseuse du foncier local : les sensibilisations faites pour la sécurisation des terres dans cette zone qui subit de fortes pressions foncières en raison de la réalisation des infrastructures (aéroport Blaise Diagne, autoroute à péage, cimenterie, etc.) et sa proximité avec Dakar ne l’ont pas laissée de marbre. Aussi raconte-t-elle fièrement l’anecdote où elle s’est mise sur le chemin du Caterpillar qui terrassait le sol pour des lotissements, pour préserver la terre de ses enfants. Elle (sa famille) a déposé une demande de délibérations pour régulariser leurs terres. Elle  contribue à la valorisation de leurs champs grâce aux activités agricoles développées.

Haby, la dame à la main verte, comme l’illustre la photo devant son goyavier. Elle achète régulièrement des fruits qu’elle donne aux enfants contre remise des pépins ou des graines qui passeront par sa main verte pour devenir de jeunes plantes. Tout est pour elle prétexte de pépinières, arbres fruitiers (papayers, citronniers, goyaviers, corossoliers, etc.) comme espèces forestières (kad, quinkéliba, ndiadame, kel, etc.). Elle contribue ainsi à la préservation des espèces en voie de disparition ou simplement utiles. Aussi fait-elle le bonheur des écoles, des paysans et de quelques citadins et même en dehors du pays, qui les achètent pour en faire des plantes de jardins. Elle a même acquis une cantine au site de recasement pour la vente de ses pépinières et de semences.

Toutes les personnes qui la connaissent, reconnaissent en elle ce don et cette passion que les contraintes de son environnement ne découragent guère. Elle gagne des revenus avec la vente de ses produits ASD diversifiés. Aussi s’exclame- t-elle souvent  « Si j’avais de l’eau » comme pour laisser deviner tout ce qu’elle aurait pu faire avec ce liquide précieux si rare dans leur village. Elle a également le soutien de ses enfants qui l’appuient dans les factures d’eau.

Puisse-t-elle continuer à vivre dignement de son engagement et de sa passion de praticienne de l’’agroécologie au service de sa collectivité et du monde.