Agroécologie dans les systémes alimentaires: Des acteurs du domaine à l'école de l'initiative de l'ASADAO

Un atelier d’information sur l’initiative ASADAO s’est tenu le lundi 25 mars 2024 à Ouagadougou, sous la présidence de la directrice de l’Institut des sciences et des sociétés (INSS) représentée par Dr Siaka Gnessi. L’événement a regroupé une vingtaine de participants composés de représentants de la société civile, de la recherche et des décideurs politiques des ministères en charge des secteurs agrosylvopastoraux et halieutiques.

Les répercussions de l’agroécologie sur l’ensemble des maillons des systèmes alimentaires ainsi que les boucles d’interaction et de rétroaction entre leurs composantes demeurent encore largement méconnues, soulevant des interrogations quant à la capacité de ces systèmes à contribuer efficacement à la réalisation des ODD notamment en ce qui concerne l’autonomisation des femmes, la sécurité/souveraineté alimentaire, la santé, la durabilité, l’inclusion économique.

C’est dans cette optique que s’inscrit le projet Agroécologie et systèmes alimentaires durables en Afrique de l’Ouest (ASADAO) axé sur « Études des coûts/bénéfices liés à l’agroécologie dans les systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest ». Il s’agit d’une initiative de recherche pilotée par un groupe d’institutions de recherches et d’ONG au nombre de trois notamment Enda Pronat du Sénégal, le CEDRES du Burkina Faso et l’Institut de recherche et de promotion des alternatives en développement (IRPAD) du Mali, selon Mamadou Goïta, directeur exécutif de l’IRPAD par ailleurs membre du Hub qui travaille sur la coordination de l’initiative ASADAO.

Vue des participants dans la salle

Ce projet est financé par le CRDI pour financer des projets de recherches sur les compromis en agroécologie afin d’assurer des systèmes alimentaires durables. « Il s’agit essentiellement de regarder une dimension de la recherche qui n’est pas très bien explorée ; quels sont les différents compromis qu’on peut retrouver au niveau de la production, du transport, de la transformation mais aussi au niveau de la commercialisation et de la consommation des produits issus de l’agroécologie », a souligné M. Goïta. Le projet s’est fixé comme ambition de regrouper une dizaine de projets.

A ce jour, cinq projets sont actuellement en cours dont le projet « Exploration des conditions d’une agroécologisation inclusive des politiques et services support à l’innovation pour renforcer la résilience de l’agriculture urbaine (AGRIPSAU) » mis en œuvre au Burkina Faso pour une durée de 18 mois avec comme objectif de combler le manque de connaissances sur les succès et les défis de l’agroécologie urbaine. « Ce sont des projets de recherche pour lesquels nous voulons non seulement travailler sur la méthodologie de la recherche avec les outils mais aussi avoir des résultats qui peuvent aider à la prise de décisions », poursuit le directeur exécutif de l’IRPAD. Que doit-on attendre par compromis ?

                                                                        Vue des participants dans la salle

« Les compromis (Trade-offs) ce sont des dilemmes qu’on peut retrouver dans l’un des segments du système alimentaire. Par exemple, en matière de production, est-ce qu’il faut utiliser les résidus de cultures pour nourrir les animaux ou utiliser les mêmes résidus pour nourrir le sol ? Quand on prend la tige de mil, on peut bien les enfouir dans les sols. Il peut constituer un élément nutritif pour le sol. Mais si vous le faites, cela veut dire que vous n’avez pas de produits à donner aux animaux. Si vous donnez aux animaux, ça peut aussi aider à nourrir votre bétail mais aussi à créer les conditions pour qu’il y ait des déchets de ce bétail qui peuvent être utilisés. Ça c’est un compromis. Parce qu’on est partagé entre ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire », a-t-il répondu.

                                                      Il est attendu des participants des échanges fructueux

Cependant, force est de constater que ces compromis dans l’agroécologie ne sont pas très bien connus. Puis à M. Goïta de relever qu’il y a beaucoup de chercheurs qui sont sur les segments de la transformation des produits mais la dimension Trade-offs (compromis en français) n’est pas abordé. Cet atelier offre une opportunité de partager des connaissances, des expériences pour de meilleures pratiques en matière d’agroécologie, selon Dr Siaka Gnessi, le représentant de la directrice de l’Institut des sciences et des sociétés-INS (INSS).

                                  Dr Siaka Gnessi, le représentant de la directrice de l’Institut des sciences et des sociétés (INSS)

Il permet également de discuter des Trade-offs associés à cette approche, ainsi que des implications de genre dans les systèmes alimentaires, des aspects fondamentaux pour élaborer des politiques et des stratégies efficaces dans ce domaine. « Nous encourageons chacun d’entre vous à participer activement aux discussions, à partager vos idées et vos expériences, et à travailler ensemble pour identifier des solutions innovantes et durables pour nos systèmes alimentaires », a-t-il déclaré.

Il a, pour terminer, exprimé sa gratitude aux partenaires et participants ainsi qu’à l’initiative ASADAO pour son engagement en faveur de l’agroécologie au Burkina Faso et au-delà. L’agroécologie, faut-il le souligner, est l’une des approches qui peut permettre d’aller vers la sécurité alimentaire. Le Burkina Faso dispose d’une stratégie nationale d’agroécologie. En marge de cet atelier, les réalisations du projet AGRIPSAU feront l’objet d’une visite terrain.

Source Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net